GUILHEM Georges, Julien, François

Né le 1er mars 1913 à Caunes-Minervois (Aude), mort le 02 avril 2003 à Béziers (Hérault) ; inspecteur du travail, directeur départemental adjoint du travail et de la main d’oeuvre, maire-adjoint socialiste de Béziers ; syndicaliste, militant de la CGT, de FO puis du Syndicat autonome des inspecteurs du travail.

Georges Guilhem naquit le 1er mars 1913 à Caunes-Minervois, dans le département de l’Aude. Son père fut salarié d’un établissement commercial avant de décéder d’un accident du travail en 1924, sa mère étant sans profession. Sa famille fut marquée à gauche. Son grand-père maternel a été l’un des premiers communistes du département. Lycéen à Carcassonne, le chef-lieu de département, Georges Guilhem fréquenta plusieurs socialistes, notamment Georges Guille et Francis Vals, élèves de l’école normale, qu’il côtoya en équipe 2 de l’AS Carcassonnaise. En 1929, il adhéra aux jeunesses socialistes, en 1931 à la SFIO.

Après l’obtention du baccalauréat, il devint auxiliaire à la préfecture de l’Aude puis rédacteur. Il fut alors membre de la CGT. Mobilisé en 1939, il fut prisonnier de guerre et restera en Allemagne jusqu’en mai 1945. Durant cette période, il tenta deux évasions en 1942 et 1943. Fin 1944, il participa à des actions de résistance dans les camps, participant au soulèvement militaire en Bavière.

Après son retour en France, il réintégra la préfecture. Il participa, durant cette période, à la création de l’association départementale des prisonniers de guerre dont il fut désigné président. Préparant plusieurs concours administratifs, il fut reçu à celui d’inspecteur du travail. Il fut alors nommé à Lille pour une semaine avant que plusieurs vacances de poste lui permettent de prendre un poste à Béziers (Hérault), municipalité alors communiste. Dans l’Hérault, il couvrit l’arrondissement de Béziers - Saint Pons. Parallèlement, il adhéra à FO puis au syndicat autonome des inspecteurs du travail dont il devint le délégué régional. Professionnellement, dans une ville dont les entreprises locales connurent des difficultés importantes (Fouga, Cameron), il acquit une certaine notoriété, notamment auprès des syndicats. Celle-ci s’accrut avec son engagement laïque et maçonnique. Déjà sollicité avant-guerre pour intégrer le Grand Orient de France, il fut initié à Béziers à la loge La réunion des Amis choisis. Très rapidement, il prit des responsabilités, devenant vénérable de sa loge, fonction qu’il occupa jusque dans les années 1970. Avant de fonder une seconde loge, Sérénité et travail, il assuma plusieurs responsabilités nationales au sein de son obédience, membre du conseil national de l’ordre puis grand trésorier. Localement, cet engagement fut affiché avec la recréation du Sou des écoles laïques, association qu’il présida en tant que vénérable.

Au-delà de la maçonnerie, cet engagement laïque l’amena aussi à présider la section locale de la ligue des droits de l’Homme et à intégrer dans les années 1959 le conseil d’administration de la Fédération des œuvres laïques. Durant les années 1960-70, il fut aussi à la tête des patronages laïques de la ville et s’investit dans le mouvement mutualiste, devenant vice-président de l’union des sociétés mutualistes de l’arrondissement. Il fut aussi à l’origine du foyer des travailleurs de Béziers. En 1947, Georges Guilhem reprit sa carte à la SFIO dans l’Aude puis à Béziers en 1951. Un an plus tard, il intégra le conseil d’administration de la section puis la commission exécutive fédérale. En 1953, il fut présent sur la liste socialiste, qui n’obtint que cinq élus. Il entra au conseil municipal en 1955, devint en 1959 adjoint en charge du social dans la municipalité de 3e force d’Émile Claparède. Durant cette période, il fit partie des principaux responsables socialistes locaux, derrière Jules Faigt et Roger Soulairol. Comme ces deux colistiers, Georges Guilhem fut proche de Guy Mollet mais aussi de Paul Ramadier, Jean Péridier et Jules Moch. Ces attaches furent d’autant plus grandes qu’il fut amené à côtoyer les trois premiers à Paris dans le cadre de ses engagements maçonniques. Réélu en 1965, il devint un élu biterrois de 1er plan. Lors du décès accidentel en 1967 du maire radical de la ville, Émile Claparède, son nom fut cité comme successeur potentiel. Il semble, selon le témoignage de l’intéressé, que l’opposition de Roger Soulairol ait entravé cette possibilité. C’est Paul Brousse, radical, qui succéda à Claparède. Membre en 1969 du comité exécutif départemental de la FGDS, membre de la commission exécutive fédérale, Georges Guilhem, fut alors au faîte de sa carrière politique.

Après Épinay, Georges Guilhem prit un certain recul, s’investissant principalement dans ses mandats locaux. À la veille des élections cantonales de 1976, le maire de Béziers afficha une proximité de plus en plus grande avec la droite au pouvoir. En réaction, les adjoints Roger Soulairol et Jules Faigt rendirent au maire leurs délégations. Georges Guilhem refusa d’adopter cette ligne et resta au sein de la municipalité, récupérant les délégations de Soulairol. Parallèlement, il démissionna du parti socialiste, opposé à l’idée d’une alliance avec les communistes. En 1977, il ne souhaita pas se présenter et se retira de toute activité politique.

SOURCES : Archives départementales de l’Hérault, 794 W 20, 794 W 27. — Archives de la section socialiste de Béziers. — Archives de l’OURS, fonds FGDS, 2 APO 13. — Paul Pistre, Franc-maçons du Midi. Maçonnerie biterroise et sociabilité urbaine du 18e siècle à nos jours, Perpignan, Mare Nostrum, 1995. — Entretiens de l’auteur avec Georges Guilhem, Jules Faigt, Henri Ferré. — Sud, septembre 1976.

Olivier DEDIEU